Deux hommages pour commencer

La séance plénière du 27 janvier a remis en mémoire les qualités de Luc Coene et la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau, en 1945.

La séance plénière du 27 janvier a commencé de manière très solennelle. Les Sénateurs ont en effet d’abord rendu hommage à feu Luc Coene, décédé le 5 janvier dernier. Le Gantois, connu pour ses activités de chef de cabinet, de gouverneur de la Banque nationale…, avait également été Sénateur durant quatre ans à la fin des années 1990. Cela aura constitué son seul mandat parlementaire.

La Présidente Christine Defraigne a notamment rappelé combien Luc Coene était un homme d’une grande courtoisie, qui parlait sans hausser le ton, un collègue affable, loyal. Un homme qui savait dire les choses sans édulcorer la réalité, qui a marqué la politique belge de son empreinte.

27 janvier oblige, l’hémicycle s’est ensuite replongé dans l’horreur de la deuxième guerre mondiale via la journée internationale de la mémoire des victimes de la Shoah. Christine Defraigne a, à cette occasion, pris la parole. Voici son discours in extenso.

« Il y a précisément septante-deux ans aujourd’hui, le 27 janvier 1945, l’armée soviétique libérait le camp d’Auschwitz-Birkenau, en Pologne, mis en activité par l’envahisseur national-socialiste allemand en mai 1940.

Auschwitz fut le plus grand complexe concentrationnaire. Il était à la fois un camp de concentration et, à partir de 1942, un camp d’extermination. Il symbolise les meurtres de masse commis par les nazis, et plus particulièrement la Shoah, au cours de laquelle près de six millions de Juifs ont été assassinés pour le seul motif de leur identité. Pour la même raison, des Roms ont été exterminés. Des personnes handicapées, des homosexuels et des résistants politiques ont, eux aussi, été persécutés, déportés, assassinés.

In vijf jaar tijd stierven in Auschwitz meer dan één miljoen honderdduizend mannen, vrouwen en kinderen, waaronder negenhonderdduizend kort nadat ze uit de trein stapten die hen had gedeporteerd. Negentig percent onder hen waren Joden. Zij werden vermoord in de gaskamers of met een vuurwapen. Anderen stierven door ziekten, ondervoeding of zogenaamde medische experimenten.

En Belgique, les nazis ont transporté à Auschwitz-Birkenau, au départ de la caserne Dossin à Malines, 25 484 Juifs et 352 Tsiganes en vingt-huit convois ferroviaires organisés entre le 4 août 1942 et le 31 juillet 1944. Au total, environ trente mille Juifs ont été déportés de Belgique pendant la Deuxième Guerre mondiale, soit la moitié de la communauté résidant dans le pays. La quasi-totalité d’entre eux moururent dans les camps du régime génocidaire national-socialiste allemand. Au-delà des chiffres et des statistiques, il ne faut jamais oublier qu’il s’agit d’hommes, de femmes et d’enfants qui avaient une famille, un père, une mère, des fils, des filles, des rêves, un espoir d’avenir. Le droit à la vie leur a été nié.

De Shoah is een ongeziene misdaad, een scharniermoment in de geschiedenis dat de manier waarop de wereld omgaat met daden van genocide fundamenteel heeft veranderd. In dit opzicht levert hij belangrijke inzichten die kunnen voorkomen dat dergelijke gebeurtenissen zich herhalen.

Afin que ces enseignements demeurent à jamais gravés dans la mémoire de l’Humanité, le Premier Ministre suédois Göran Persson a pris, en 1998, l’initiative de créer le Groupe d’action de coopération internationale pour la recherche sur la Shoah, mieux connu sous sa dénomination anglaise Task Force. Ce groupe fut consolidé lors du Forum international de Stockholm en janvier 2000 par l’adoption de la Déclaration constituant le fondement de travaux de recherche, de projets d’enseignement et d’autres actions multiples.

La Task Force s’est transformée, lors de la présidence belge à Liège en décembre 2012, en Alliance internationale pour la Mémoire de la Shoah ou International Holocaust Remembrance Alliance (IHRA). Les objectifs de base, soit l’éducation, la mémoire et la recherche sur la Shoah, n’ont évidemment pas changé.

L’IHRA, qui comprend aujourd’hui 31 pays membres et 11 pays observateurs, est un organisme international unique en son genre, puisque les délégations nationales y sont composées de représentants gouvernementaux et de spécialistes non gouvernementaux de la Shoah : des universitaires, des responsables de musées, des professeurs et des chercheurs.

België trad tot de International Holocaust Remembrance Alliance toe op 15 november 2005. En reeds in december 2004, dus nog voor de Verenigde Naties 27 januari uitriepen tot « Internationale herdenkingsdag voor de slachtoffers van de Shoah », riep de Belgische regering die dag uit tot « Dag ter herdenking van de door nazi-Duitsland gepleegde genocide ».

En tirant des leçons des expériences des autres États membres de l’IHRA et en se fondant sur les meilleures pratiques, l’entité fédérale, les entités fédérées et les pouvoirs locaux belges promeuvent régulièrement la mémoire et l’enseignement de la Shoah. Ce crime sans précédent est ainsi comparé à d’autres génocides et atrocités de masse récentes. La pertinence de la Shoah pour notre monde et notre société est sans cesse mise en exergue. Les élèves des trois Communautés du pays y sont rendus attentifs à travers des disciplines telles l’histoire, la langue maternelle, la morale, la religion ou l’éducation à la citoyenneté. Il est en effet capital que les jeunes comprennent leur privilège de vivre dans un pays démocratique qui garantit les libertés et les droits fondamentaux.

La paix, la démocratie, les droits de l’Homme ne sont pas des évidences. Surtout en ces temps difficiles et instables, nous devons garder vivant le souvenir des dérives tragiques pouvant se produire lorsqu’on méconnaît ces valeurs fondamentales. C’est la raison pour laquelle le Sénat a voté à l’unanimité le 24 janvier 2013 la résolution visant à reconnaître la responsabilité de l’État belge pour la persécution des Juifs en Belgique pendant la Deuxième Guerre mondiale.

L’adoption de cette résolution s’inscrivait notamment dans le sillage des conclusions de l’ouvrage La Belgique docile, publié en septembre 2007 par le Centre d’Études et Documentation Guerre et Sociétés contemporaines, le centre d’expertise belge pour l’histoire des conflits du vingtième siècle. Il s’agissait des résultats de recherches menées à la demande du Sénat sur l’attitude des autorités belges face à la persécution des Juifs durant la Deuxième Guerre mondiale.

Beste collega’s,

Artikel 2 van de Verklaring van Stockholm van 28 januari 2000 nodigt ons ook uit om ons het offer te herinneren van de mensen die hun leven hebben gewaagd om de slachtoffers van de Shoah te helpen. Vandaag wil ik dan ook hulde brengen aan de 1710 mensen die momenteel in België leven en die door Israël als Justes entre les Nations zijn erkend omdat zij Joden verborgen hielden tijdens de Tweede Wereldoorlog.

Sta me toe af te ronden met een persoonlijke gedachte die spontaan in iemand opkomt na het lezen van een werk zoals dat van de Amerikaanse historicus Christopher Browning, The Origins of the Final solution : de escalatie van de gruwelijkheden tijdens de Tweede Wereldoorlog lijkt het onontkoombare gevolg te zijn van de uitsluiting, de ontmenselijking van de Joden, die al vóór de oorlog door de Duitsers werd afgekondigd.

Pour qu’un génocide ne se reproduise jamais, nous, responsables politiques, devons ainsi veiller particulièrement à ce que nos sociétés soient les plus inclusives possible, à ce que personne ne soit arbitrairement exclu. En collaborant avec le monde de l’enseignement, nous devrions par exemple relever le défi de faire disparaître des médias classiques ou « sociaux » toute manifestation de haine, d’antisémitisme, d’intolérance ou de discrimination.

Je vous remercie de votre attention et je vous propose d’observer une minute de silence à la mémoire des victimes de la Shoah. »