Paracétamol : en libre accès ou derrière le comptoir ?


Alors que la France a décidé d’encadrer la vente du paracétamol dans les pharmacies, la Sénatrice Véronique Durenne a questionné la ministre De Block pour savoir si la Belgique pourrait faire de même à l’avenir.

Va-t-on ou non interdire le libre accès au paracétamol dans les pharmacies ? C’est l’interrogation qui sous-tend la question écrite que Véronique Durenne vient d’adresser à Maggie De Block (Open VLD), la ministre fédérale de la Santé publique.

La Sénatrice MR de Celles fait ici référence à la situation en France où, depuis le 15 janvier 2020, les pharmacies ne peuvent plus laisser ce médicament analgésique en libre accès et doivent désormais l’exposer derrière le comptoir afin qu’il ne puisse plus être saisi directement par les clients.

Elle-même ancienne pharmacienne de profession, Véronique Durenne connaît évidemment les propriétés et danfers liés à l’usage du paracétamol. « Il s’agit de l’un des médicaments le splus couramment utilisés, notamment pour lutter a posteriori contre les effets de l’alcool, explique-t-elle. Ces médicaments sont sûrs et efficaces lorsqu’ils sont correctement utilisés mais ils peuvent également être dangereux quand ils sont utilisés de manière inadéquate. »

Comme le précise le texte de la question écrite de la Sénatrice libérale, chaque boîte de paracétamol contient en effet une dose létale suffisante pour provoquer une intoxisation médicamenteuse et développer une insuffisance hépatique aiguë grave. La conséquence ? « Le mauvais usage du paracétamol st la première cause de greffe du foie », comme l’a déjà souligné le professeur Jean-Michel Dogné, directeur du département de pharmacie à l’Université de Namur.

Véronique Durenne a donc demandé à la ministre De Block si elle disposait de données concernant la consommation de paracétamol en Belgique mais aussi quel était son avis quant à la mise en place ici d’une mesure similaire à celle prise Outre-Quiévrain.

La réponse de la ministre est parvenue au Sénat le 11 mai 2020:

« 1) Nous n’avons pas de chiffres précis sur la consommation de paracétamol, étant donné que le paracétamol est disponible en vente libre et non remboursable. Par conséquent, il n’y a aucune facturation à l’Institut national d’assurance maladie-invalidité (INAMI) et il est difficile de connaître les volumes de consommation réels du paracétamol. Nous pouvons néanmoins avoir une idée de cette consommation sur base des chiffres de ventes moyennes fournis par les firmes pharmaceutiques dans le cadre de la lutte contre les pénuries de médicaments pendant la crise du Covid-19. Selon ces chiffres, les firmes pharmaceutiques vendraient en moyenne pour les formulations orales destinées aux adultes plus de 900.000 boîtes de médicaments à base de paracétamol par mois, tous dosages et tailles de conditionnement confondus. Néanmoins, il convient de noter que le volume précité pourrait avoir été influencé par la ruée sur certains achats suite au Covid.

2) Cette mesure d’interdiction d’accès libre est déjà mise en place en Belgique. Selon l’arrêté royal du 21 janvier 2009 portant instructions pour les pharmaciens, le public ne peut pas physiquement avoir accès aux médicaments dans les pharmacies. Le respect de cette obligation est d’ailleurs un point d’attention lors des inspections en officine par les inspecteurs de l’Agence fédérale des médicaments et des produits de santé (AFMPS). Les médicaments ne sont donc pas disponibles en vente libre en dehors des officines. »