L’emprisonnement préoccupant de Khaleda Zia

L’ancienne Première ministre du Bangladesh est actuellement incarcérée. Le Sénateur et chef de groupe MR Gaëtan Van Goidsenhoven s’est inquiété des conditions de cet emprisonnement auprès du ministre des Affaires étrangères Philippe Goffin.

Sante doute méconnue en Belgique, Khaleda Zia a toutefois été Première ministre du Bangladesh durant dix années, réparties en deux périodes : 1991-96 et 2001-06. Elle a par ailleurs été la première femme à endosser de telles responsabilités dans son pays.

Agée aujourd’hui de 74 ans, Khaleda Zia est actuellement emprisonnée, avec des conditions d’incarcération qui s’avèrent préoccupantes. Le chef de groupe MR au Sénat Gaëtan Van Goidsenhoven s’est donc adressé par le biais d’une question écrite à Philippe Goffin, le ministre des Affaires étrangères et de la Défense, pour relayer cette situation problématique en matière de droits humains.

Le Sénateur libéral d’Anderlecht rappelle notamment que, tout au long de son parcours politique, Khaleda Zia (membre du Parti nationaliste du Bangladesh) s’est souvent vue opposée à la Ligue Awami, un des deux principaux partis du pays. Les élections du 29 décembre 2018 ont constitué un bel exemple de cette animosité.

Un climat de tension, donc, et différentes affaires judiciaires ciblant Khaleda Zia comme une condamnation pour avoir détourné 21 millions de takas (environ 250.000 dollars) et une autre pour abus de pouvoir en collectant 375.000 dollars pour le Zia Charitable Trust Fund. »

« Outre ces deux principales affaires, Khaleda Zia est encore confrontée à trente-quatre autres affaires parmi lesquelles cinq pour corruption, seize pour incendie criminel et attentat à la bombe, quatre pour diffamation, trois pour meurtre, deux pour propos diffamatoires, deux pour sédition et quatre pour d’autres motifs, note Gaëtan Van Goidsenhoven. Certaines des accusations portées contre elle (l’atteinte aux sentiments religieux, la célébration de son faux anniversaire, l’atteinte au drapeau national, les commentaires sur le nombre de martyrs de la guerre de libération) ne sont d’ailleurs pas conformes au droit et aux normes internationales. »

Plusieurs demandes de libération ont été réalisées suite à la remise en cause de ces accusations. Compte tenu également de l’état de santé préoccupant de Khaleda Zia, les partisans de cette dernière mais aussi diverses instances et personnalités internationales ont, quant à eux, élevé la voix pour dénoncer tant son mauvais traitement médical que la nécessité de lui garantir un procès équitable.

Et pour cause : en prison depuis le 8 février 2018, Khaleda Zia a dû être transférée le 1er avril 2019 en raison de son état de santé dans l’hôpital public de Dhaka… où elle se trouve encore sous traitement. Des soins que ses médecins qualifient d’inadéquat. Une commission spéciale médicale s’est également prononcée en ce sens.

« Au regard de ces éléments, Amnesty International a réalisé un communiqué le 19 décembre 2019 dans lequel est décrite la situation d’incarcération préoccupante de Khaleda Zia, constate le Sénateur MR. Il y est également fait mention de la nécessité de lui apporter un procès juste et un traitement adéquat de ses maladies. »

Et Gaëtan Van Goidsenhoven de poser les questions suivantes au ministre Goffin : « Depuis l’incarcération de Khaleda Zia, le 8 février 2018, avez-vous été mis au courant de sa situation d’emprisonnement préoccupante ? Si oui, disposez-vous d’informations spécifiques ? Si tel est le cas, est-ce que des procédures diplomatiques particulières ont déjà été mises en place ? Dans le climat de tension politique existant au Bangladesh suite aux élections de décembre 2018, la Belgique s’est-elle prononcée sur la remise en cause de cette période électorale controversée ? »

La réponse du ministre est arrivée le 20 mai.

 » 1) L’ambassade de Belgique compétente pour le Bangladesh se trouve à New Delhi. Le poste suit les développements politiques, sociaux et économiques du Bangladesh. Madame Zia a été libérée de sa prison le 25 mars pour six mois pour raison humanitaire et a été assignée à résidence afin de pouvoir recevoir les soins médicaux nécessaires. Elle ne peut pas se rendre à l’étranger.

2) Les ambassades européennes présentes à Dhaka suivent le procès de la figure politique qu’est Khaleda Zia et les conditions de sa détention. Cela selon une perspective humanitaire.

3) L’Union européenne (UE) a suivi les élections de décembre 2018 avec une mission technique, donc sans observation. L’UE a fait part de ses inquiétudes quant au climat politique et à la liberté d’opinion au Bangladesh. Les réalisations faites par la première ministre Sheikh Hasina et sa popularité sont réelles. Il y a une croissance économique dans le pays, avec entre autres. des investissements nécessaires dans les infrastructures. »