Gare aux nuisances des mégots sur les quais!

Le Sénateur Gaëtan Van Goidsenhoven a pointé ce problème sanitaire et environnemental dans une question écrite adressée au ministre fédéral de la Mobilité.

Si les wagons fumeurs sont aujourd’hui devenus de l’histoire ancienne, les cigarettes et mégots inhérents n’en ont pas pour autant déserté les gares, principalement lorsque celles-ci sont à ciel ouvert, en y étant trop souvent jetés par terre, sur le quai ou les ballasts, au moment de l’arrivée du train.

Cette constatation est à l’origine de la question écrite que le chef de groupe MR au Sénat Gaëtan Van Goidsenhoven vient d’adresser à François Bellot, le ministre fédéral de la Mobilité, également en charge de Skeyes et de la SNCB.

Ces restes de cigarettes génèrent en effet des impacts pour la nature mais aussi la santé humaine.

« Les mégots ne sont pas biodégradables, rappelle notamment le Sénateur anderlechtois. Leur temps de décomposition varie, en fonction du produit, de deux à quinze ans, sans jamais permettre une disparition totale. Composés de plastique (acétate de cellulose) et de plus de 4.000 substances chimiques, les résidus de cigarettes sont hyper toxiques pour l’environnement. »

Logique, dès lors, que les mégots abandonnés sur un trottoir, un quai de gare ou une plage soit potentiellement susceptibles d’avoir des conséquences sur la santé humaine à travers la chaîne alimentaire et, plus particulièrement, les poissons qui ingèrent ce qui arrivent à eux en passant par les égouts les cours d’eau…

A l’échelle mondiale, ce seraient 137.000 mégots qui seraient jetés au sol à chaque seconde.

« Au niveau des gares ferroviaires, les mauvais comportements de certains navetteurs fumeurs peuvent dès lors participer à l’augmentation de ces effets négatifs, précise Gaëtan Van Goidsenhoven. Il s’agit donc de lieux à surveiller particulièrement dans le cadre de cette problématique. »

Et le chef de groupe MR de souligner que les agents de la SNCB sont compétents (depuis le 27 avril 2018) pour sanctionner plus facilement les fumeurs dont le comportement est inadéquat… Ce qui ne suffit malheureusement pas à annihiler ces mauvaises pratiques.

« Considérant ces différents aspects et risques à la fois sur la santé et l’environnement, permettez-moi de vous poser les questions suivantes, termine Gaëtan Van Goidsenhoven. Est-ce que des mesures particulières ont été mises en place par la SNCB afin de diminuer le jet de mégots sur les quais et rails de train ? Si tel est le cas, quelles sont-elles ? Disposez-vous, pour 2018 et 2019 des données précises relatives aux sanctions pour actes d’incivilité constatés dans les infrastructures de la SNCB ? La loi du 27 avril 2018 a-t-elle permis de constater une augmentation des infractions ? »

Le Sénateur interroge également le ministre Bellot sur d’autres aspects de la question : « Existe-t-il une évaluation de la non-présence de cendriers sur chaque quai des gares ? Existe-t-il également des raisons particulières prouvant que cette non-mise à disposition réduit la consommation de cigarettes sur le quai des gares ? Disposez-vous de données précises sur le nombre de déchets de cigarettes récoltés dans les infrastructures ferroviaires ? Est-ce que des campagnes de sensibilisation ou signalisations particulières sont fréquemment mises en place afin de dissuader les mauvais comportements des consommateurs sur les quais des gares ? Est-il possible d’envisager la mise à disposition par la SNCB de boitiers portatifs dans lesquels les voyageurs fumeurs pourraient déposer leurs déchets ? »

La réponse du ministre Bellot est rapidement parvenue au chef de groupe MR Gaëtan Van Goidsenhoven.
La voici dans son intégralité:

1. et 5. Des mesures particulières ont effectivement été mises en place, à savoir le placement de cendriers sur les poubelles de tri sélectif dans les 79 gares les plus fréquentées du pays.
La SNCB va placer prochainement des cendriers supplémentaires dans d’autres gares.
Un cendrier de 2,4L peut contenir +/- 720 mégots.
Une campagne de communication sur la civilité avec notamment un aspect propreté en gare était planifiée au printemps 2020, mais en raison de la crise liée au COVID-19, cette campagne a dû être reportée à l’après-confinement.
La SNCB travaille en étroite collaboration avec l’association FOST-PLUS pour améliorer la signalétique des cendriers afin d’inciter les fumeurs à mieux les utiliser.
Par ailleurs, un large processus d’assermentation des sous-chefs de gare est en cours afin de leur permettre de constater les infractions liées au non-respect des règles en matière d’usage de tabac.

2. Le nombre de constations pour lesquelles le processus d’amende administrative est en cours se présente comme suit :
Securail Accompagnement Total
11-12/2018 25 155 180
2019 803 698 1501
Total 828 853 1681
Il est difficile d’évaluer si le nombre d’infractions liées à l’usage du tabac a augmenté car le fait de fumer dans des zones interdites n’était pas prévu dans la législation précédente sur la police des chemins de fer. La SNCB ne dispose pas de statistiques précises, cette infraction tombant dans la catégorie plus large des « souillures » visée par l’ancienne loi.

3. Il n’existe pas d’évaluation de ce type à proprement parler, mais la SNCB a observé que dans les gares équipées de cendriers, le nombre de mégots dans les voies diminue entre deux nettoyages successifs.

4. La SNCB ne dispose d’aucune donnée relative au nombre de mégots récoltés.

6. Dans un premier temps, la SNCB va améliorer la signalétique des cendriers afin d’inciter les fumeurs à mieux les utiliser. Après cette mise en œuvre, elle procédera à une évaluation pour déterminer si d’autres mesures sont nécessaires.