Objectif : davantage de donneurs de sang

Contrer d’éventuelles pénuries de sang, de plasma et de plaquettes : tel est l’objectif de la proposition de résolution déposée au Sénat par le Groupe MR. Un texte qui prône notamment l’abaissement de l’âge légal permettant de donner mais aussi des mesures facilitatrices pour les HSH.

Ce n’est malheureusement pas neuf : régulièrement, des appels sont lancés aux donneurs de sang. Ces actions ponctuelles permettent de maintenir les stocks à des niveaux suffisants afin de pouvoir fournir les hôpitaux en fonction de leurs besoins respectifs et, exceptionnellement, d’apporter une aide d’urgence cruciale lors de catastrophes survenant à l’étranger
Régulières mais temporaires, ces situations de manque sont d’autant plus critiques vu l’importance sanitaire du sang et de ses dérivés que sont le plasma et les plaquettes. On estime en effet généralement que 70% des Belges auront, un jour ou l’autre dans leur vie, besoin d’un produit sanguin. Or, seuls 3% des gens en donnent réellement.
C’est que le sang, le plasma et les plaquettes ont de multiples usages. Il y a, bien évidemment, les transfusions, que celles-ci soient exceptionnelles (suite à un accident de la route, par exemple) ou régulières en raison d’une maladie. Le rôle joué par les globules rouges, qu’il s’agisse de traiter de graves anémies ou des hémorragies, est également prépondérant. Un détail, et non des moindres : les globules rouges se conservent pendant un maximum de quarante-deux jours à une température de 2 à 6°C, ce qui implique de pouvoir compter sur de nouvelles poches tout au long de l’année.
Fort des protéines qu’il contient, le plasma est, lui, intéressant et nécessaire pour la conception de médicaments tels que les immunoglobulines, les solutions d’albumines, les facteurs de coagulation… Il peut également être administré sous forme de transfusion.
Quant aux plaquettes, elles sont utilisées entre autres dans le traitement des hémorragies ainsi que lors de greffes de cellules souches, dans le traitement de certains cancers et certaines maladies du sang. Le fait que les plaquettes ne puissent être conservées que maximum cinq jours rend d’autant plus prépondérant une collecte régulière de celles-ci.
A noter que le plasma et les plaquettes proviennent soit des dons de sang proprement dit, soit de prélèvements spécifiques qui, vu l’appareillage qu’ils nécessitent, se font actuellement uniquement dans les centres de collectes permanents.
Le don de sang est strictement réglementé ; cela pour d’évidentes raisons sanitaires à savoir garantir la sécurité sanitaire tant du donneur que du receveur, détecter d’éventuelles pathologies ainsi qu’optimaliser la qualité thérapeutique du produit sanguin final.
Les principales conditions à remplir sont d’être en bonne santé, avoir une masse de minimum 50 kg, être âgé d’au moins 18 ans et ne pas présenter de risque de transmission des maladies par le sang .
Il est par ailleurs interdit de donner pendant un certain temps en cas d’accouchement, d’I.V.G. ou de fausse couche, mais aussi de tatouage, piercing ou maquillage permanent. Diverses interdictions touchent également les personnes ayant souffert d’un cancer ainsi que – un exemple parmi d’autres – celles ayant résidé un an au Royaume-Uni entre 1986 et 1996, période durant la crise dite « de la vache folle ». A noter que ces deux dernières restrictions découlent de directives européennes et, pour certains spécialistes, n’ont plus lieu d’être.
Sans parler des opérations chirurgicales, de certaines morsures, des transfusions, des prises de drogue… et dans le cas de comportements sexuels définis comme risqués.
Avoir un nouveau partenaire sous-entend en effet une attente de quatre mois avant de pouvoir (re)donner du sang. Un délai qui passe à un an pour tout homme ayant eu une relation sexuelle avec un autre homme, ce qui limite très fortement – voire qui annihile – les possibilités de donner pour les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH).
Cette difficulté inhérente à un comportement défini comme risqué et qui touche particulièrement les HSH mériterait toutefois à tout le moins d’être remise en question d’un point de vue global mais aussi et surtout en ce qui concerne certains dons de plasma. Et pour cause, lorsqu’il s’agit de fractionner les poches prélevées afin de récupérer des protéines permettant de soigner nombre de maladies immunologiques ou hématologiques, les risques de transmissions virales se trouvent drastiquement réduits. Hormis au niveau organisationnel, passer de douze à quatre mois ne poserait donc pas de difficulté.
Last but not least, le don de sang ne peut se faire que sur base volontaire (la loi interdit tout profit relatif à cette activité) ; ce qui réduit sans doute le nombre de donneurs effectifs mais permet de compter sur des donneurs altruistes et non pas intéressés par une quelconque rémunération.
C’est compte tenu de toutes ces données que les Sénateurs MR Gaëtan Van Goidsenhoven, Sabine Laruelle, Jean-Paul Wahl, Philippe Dodrimont, Véronique Durenne, Alexander Miesen et Georges-Louis Bouchez ont décidé de déposer une proposition de résolution (par ailleurs cosignée par les groupes Open VLD, PS et Ecolo-Groen)… qui a été prise en considération lors de la séance plénière du 16 juillet 2021.
Le texte pointe les difficultés actuelles mais liste également une série de solutions potentielles.
Il est ainsi demandé aux différents gouvernements du pays de soutenir et encourager les administrations publiques relevant de leurs responsabilités et qui accueilleraient des collectes de sang en leur sein.
Au gouvernement fédéral, la proposition de résolution demande :
• D’abaisser, sur une base scientifiquement établie, de 18 à 16 ans l’âge légal permettant à un citoyen de donner son sang ;
• D’abaisser de douze à quatre mois le délai d’attente pour tout homme ayant eu une relation sexuelle avec un autre homme (HSH) lorsqu’il s’agit de récolter par aphérèse du plasma destiné au fractionnement.
• D’abaisser de douze à quatre mois le délai d’attente pour tout homme ayant eu une relation sexuelle avec un autre homme (HSH) lorsqu’il s’agit de récolter par aphérèse du plasma qui sera ensuite congelé et mis en quarantaine durant une période idoine au terme de laquelle le donneur devra se soumettre à un test de dépistage de maladies telles que VIH, VHC, VHB ou HTLV.
• De déterminer des dispositifs et réglementations permettant de faire disparaître toute différence de traitement envers les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) qui donnent leur sang par la suppression de la période d’abstinence de douze mois actuellement imposée et d’approuver urgemment un arrêté royal afin que ces dispositifs et réglementations à déterminer soient proportionnels et conformes aux données scientifiques les plus récentes ;
• De continuer à interdire la rétribution des dons de sang, plasma et plaquettes ;
• De travailler, en concertation avec les organismes agréés, à une meilleure reconnaissance des donneurs ;
• De demander à l’Union européenne de réactualiser les critères d’exclusion du don de sang, en pointant notamment la situation des personnes ayant résidé durant un an au Royaume-Uni entre 1986 et 1996 ou encore les personnes ayant guéri d’un cancer.
Aux gouvernements régionaux :
• De faciliter et de soutenir les pouvoirs locaux désireux d’accueillir des collectes au sein de leur administration ;
Aux gouvernements des Communautés :
• D’informer et de sensibiliser davantage les écoliers et étudiants à l’intérêt sociétal et vital du don de sang ainsi qu’à son caractère indolore et sanitairement sécurisé.
• D’informer et de sensibiliser davantage le grand public à l’intérêt sociétal et vital du don de sang ainsi qu’à son caractère indolore et sanitairement sécurisé ;
La proposition de résolution a été transmise à la Commission du Renouveau démocratique et de la citoyenneté. C’est elle qui sera chargée de l’examiner et, le cas échéant, de la modifier puis de l’approuver (ou non).