Mieux comprendre sa santé

Les Belges ne sont pas égaux en matière de littératie en santé. Cette constatation a incité le Sénateur Gaëtan Van Goidsenhoven à interroger la ministre De Block sur ce sujet aux conséquences sanitaires et financières.

Une définition pour commencer : la littératie en santé est la capacité des individus et des groupes à repérer, comprendre, évaluer et utiliser les informations utiles pour la prise de décision en matière de soins de santé, de prévention des maladies et de promotion de la santé.

Cette littératie, en Belgique, présente des degrés très variables. « Une personne sur trois n’a pas les capacités suffisantes pour prendre des décisions en matière de santé, relève d’ailleurs le Sénateur et chef de groupe MR Gaëtan Van Goidsenhoven dans la question écrite qu’il a adressée à la ministre fédérale des Affaires sociales et de la Santé publique Maggie De Block (Open VLD). Le niveau varie selon des variables démographiques et socio-économiques. »

Quelques illustrations parmi d’autres ? Les femmes, les personnes âgées et celles ayant un faible niveau d’instruction présentent une moins grande littératie en santé. De même, les habitants de Flandre ont un niveau plus élevé que ceux de Wallonie ou de Bruxelles.

Les problèmes subséquents se laissent deviner. « Les personnes ayant un faible niveau de littératie en santé ont une adhérence thérapeutique et une gestion des maladies chroniques moins efficaces, sont moins susceptibles de participer aux programmes de dépistage ou à d’autres services de prévention, et davantage de manifester des comportements nocifs comme le tabagisme ou la consommation d’alcool, note Gaëtan Van Goidsenhoven. Ils auraient également davantage recours aux services de santé (dont les urgences) et des taux d’hospitalisation plus importants. »

Le lien entre faible niveau de littératie et morbidité est clairement identifié, ainsi que l’influence sur la hausse des coûts de santé et ceux de la sécurité sociale. Il est donc important, comme le souligne le Sénateur anderlechtois, d’investir dans une plus grande responsabilisation des patients mais aussi de prendre des mesures afin de permettre à la population de faire face à un système de santé toujours plus complexe.

Selon l’OMS, il conviendrait également d’améliorer la détection des personnes ayant un faible niveau de littératie en santé lors des contacts avec les professionnels du secteur et d’adapter la communication avec elles. L’idée serait par ailleurs de créer des #ihealth literate organisations#i qui pourraient incorporer la prise en charge de la littératie en santé dans leur politique et leur fonctionnement.

Gaëtan Van Goidsenhoven a donc partagé une série d’interrogations précises avec la ministre De Block : « Quelles sont les initiatives que nous pourrions prendre aujourd’hui pour améliorer et augmenter le niveau de littératie en santé des Belges, en particulier au regard des disparités régionales ? Selon vous, les prestataires et établissements de soins de santé disposent-ils des outils et du soutien suffisants et adéquats pour donner des conseils personnalisés aux patients ? L’honorable ministre a-t-elle pu établir un pan coordonné en la matière ? Si non, compte-t-elle le faire ? »

La réponse de la ministre, arrivée le 25 mai 2020, dit ceci:

« Le Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE) a publié en janvier 2020 un rapport intitulé: «Littératie en santé: quels enseignements peut-on tirer des expériences d’autres pays?» (Rapport KCE 322).

Il s’agit d’une analyse comparative des politiques de littératie en santé mises en place dans six pays étrangers. Cette étude avait été demandée par le service public fédéral (SPF) Santé publique comme préliminaire au développement d’un éventuel plan d’action fédéral belge en vue d’améliorer la littératie en santé de la population.

Le KCE conclut ce rapport par quelques recommandations générales sur les actions préliminaires à mettre en place avant d’élaborer un plan d’action fédéral, soulignant notamment la nécessité de mettre en place une coordination des actions envisagées ou entreprises aux différents niveaux de compétence.

En réponse aux questions 1) et 2), nous ne pouvons donc qu’inviter l’honorable membre à prendre connaissance des conclusions dudit rapport, tout en insistant sur le fait qu’il ne s’agit encore que de mesures préliminaires.

Vu la situation politique actuelle, nous estimons que la question no 3) n’est pas pertinente. »