L’entrepreneuriat féminin mérite plus de soutien

Une proposition de résolution riche en conseils et bonnes pratiques déposée par le Groupe MR avec le soutien de l’Open VLD a été adoptée en commission des Matières transversales… mais aussi en séance plénière.

« Nos indépendants et nos entreprises forment le noyau central de notre économie. L’entrepreneuriat constitue l’un des moteurs principaux dont notre société a tant besoin. En Belgique, si nous suivons l’évolution des tendances avant la crise sanitaire, ils étaient déjà 1.070.357 à avoir déjà franchi le pas. Un record ! Tout n’est pas rose pour autant, car les femmes ne représentaient effectivement que 34% de ce million d’indépendants, alors même qu’elles représentent à elles seules la moitié de la population active… Une situation ô combien préoccupante qui nécessite, j’y suis très sensible, toute notre attention. »

Lors de son intervention en plénière, le vendredi 13 novembre, Véronique Durenne n’a pas manqué de raisons d’encourager l’adoption (qui allait avoir lieu en fin de séance) de la proposition de résolution consacrée à l’entrepreneuriat féminin.

Un potentiel inexploité

Ce texte, la Sénatrice MR de Celles en était l’une des signataires avec le chef de groupe Gaëtan Van Goidsenhoven, Georges-Louis Bouchez mais aussi les Sénateurs Open VLD Rik Daems et Stephanie D’Hose. Pharmacienne de profession durant plusieurs années, Véronique Durenne n’avait pas besoin d’être sensibilisée à l’importance de l’entrepreneuriat féminin ; une cause qui mérite pourtant davantage de soutien.

La proposition de résolution le rappelle d’ailleurs en citant le plan d’action « Entrepreneuriat 2020 » de la Commission européenne : « Les entrepreneuses recèlent un important potentiel inexploité, elles constituent un moteur de croissance et un levier de compétitivité. Il y a d’ailleurs une corrélation positive entre la performance économique d’une entreprise et le degré de mixité de son équipe dirigeante. »

Des constats et des solutions

Reste que si de nombreuses mesures ont déjà été prises, notamment par le gouvernement fédéral lors de la dernière législature, il y a encore moyen d’améliorer la situation et ce, à plusieurs niveaux.

Fort complète au niveau de ses développements et constats, la proposition de résolution ne l’est pas moins en ce qui concerne les actions que pourraient mener les différents exécutifs du pays.

Ainsi, au gouvernement fédéral, il est demandé plusieurs choses :
1. Poursuivre et approfondir les initiatives lancées sous la législature précédente afin d’encourager l’entrepreneuriat féminin, en renforçant l’information sur les différents outils existants et en amplifiant le soutien aux organismes qui offrent un accompagnement administratif ou financier pour démarrer une activité entrepreneuriale adapté à l’entrepreneuriat féminin et qui favorisent la formation et l’apprentissage entre pairs (réseaux, mentorats, etc.) ;
2. Développer aussi, parallèlement aux mesures destinées à encourager les femmes à lancer une entreprise, une politique active en vue de favoriser les possibilités d’évolution des femmes entrepreneurs, notamment en axant le paquet de mesures non seulement sur la diversité mais aussi sur l’inclusion ;
3. Réaliser un cadastre de l’emploi féminin à temps plein et à temps partiel et de promouvoir l’emploi dans les secteurs où les femmes sont trop peu nombreuses, notamment en développant les outils de sensibilisation et d’information à destination des secteurs concernés, les entreprises et PME ;
4. Poursuivre le renforcement des mesures permettant de mieux concilier vie professionnelle et vie familiale et de prendre, entre autres, des initiatives visant à améliorer le statut social des entrepreneurs, ainsi que des mesures en vue d’induire un changement de mentalité concernant le partage des tâches ménagères, comme une optimisation des régimes de congé, par exemple ;
5. Etablir des chiffres fiables sur l’accès des femmes entrepreneurs à toutes les formes de financement, parmi lesquelles les banques, les investisseurs providentiels, les investisseurs en capital-risque et les fonds publics et, le cas échéant, de prendre les mesures nécessaires pour en favoriser l’accès ;
6. Etre particulièrement attentif, dans le cadre du financement à l’aide de fonds auxquels l’État contribue, comme le fond public flamand PMV ou la société d’investissement GIMV, à l’accès égal des femmes entrepreneurs au capital, de communiquer et de faire rapport en toute transparence à ce sujet, et de fixer des quotas de femmes entrepreneurs devant bénéficier d’un tel soutien ;
7. Et utiliser au maximum les fonds européens comme levier de cofinancement en vue de la réalisation de projets visant à stimuler l’entrepreneuriat féminin, comme cela se fait actuellement dans le cadre notamment de l’aide aux projets de l’ASBL Markant.

Les gouvernements régionaux ne sont pas oubliés. Plusieurs actions leur sont proposées :
1. Lutter contre la ségrégation sous toutes ses formes sur le marché du travail en vue de garantir l’égalité des chances pour tous et, en particulier, pour les femmes dans leur diversité ;
2. Soutenir les hommes et les femmes qui éprouvent plus de difficultés à accéder au crédit et de favoriser la féminisation de certains métiers, notamment via les formations, le tutorat, les liens avec le monde de l’entreprise et la mise à disposition de locaux sociaux (vestiaires, douches, toilettes, etc.) ;
3. Sensibiliser les PME et de promouvoir l’emploi dans les secteurs où les femmes sont trop peu nombreuses. Il sera nécessaire de développer les formations et l’information à destination des femmes au sujet de ces secteurs. Il conviendra également de sensibiliser et d’informer les secteurs concernés, les entreprises et PME ;
4. Proposer systématiquement dans l’accompagnement des demandeurs d’emploi qui s’inscrivent à un organisme de formation, une information consacrée à l’opportunité de l’auto-entrepreneuriat et aux différents soutiens disponibles. Cette information doit être renforcée et adaptée pour un public féminin ;
5. Elaborer des lignes directrices concernant les bonnes pratiques pour les entreprises sociales et solidaires, notamment la politique de celles-ci en matière de diversité, de non-discrimination et d’égalité des chances entre les hommes et les femmes parmi leurs travailleurs, y compris dans les fonctions de responsabilité et de direction ;
6. Continuer à soutenir activement les réseaux qui s’investissent en faveur de l’entrepreneuriat féminin ;
7. Promouvoir non seulement l’entrepreneuriat mais aussi l’intrapreneuriat afin de faire en sorte que les femmes aient aussi davantage de possibilités d’avancement au sein de l’entreprise.

Quant aux gouvernements des Communautés, il leur est instamment suggéré de :
1. Assurer un enseignement qui libère les enfants des stéréotypes de genre. Le financement des manuels scolaires ne doit effectivement être validé qu’après un contrôle de ceux-ci à travers une grille d’indicateurs permettant de déceler les stéréotypes de genre qui y figurent ;
2. Sensibiliser les étudiant(e)s, quel que soit leur genre et dès le plus jeune âge, à l’esprit d’entreprise et d’encourager les formations portant sur différents aspects de la création, de la gestion et de la prise de risque ;
3. Intégrer davantage dans le programme scolaire l’idée d’égalité entre les femmes et les hommes, notamment à travers la mise en lumière de femmes ayant contribué de manière importante à l’Histoire, aux Arts et aux Sciences sans pour autant jouir de la même visibilité que les hommes. À cet aspect-là, les enseignants doivent être également sensibilisés ;
4. Prévoir un accueil suffisant, y compris pendant les vacances, pour les bébés et les enfants en bas âge, mais aussi pour les enfants des écoles maternelles et primaires, et ce dans des plages horaires suffisamment larges et flexibles.