Christine Defraigne et Valérie De Bue s’envolent ce mardi pour une mission parlementaire en Iran. A leur programme, de nombreuses rencontres de haut niveau sur des sujets parfois très sensibles. Un voyage qui s’annonce chargé.
D’ici quelques heures, Christine Defraigne et Valérie De Bue atterriront à Téhéran. La seconde nommée prendra part à une mission parlementaire du Sénat que mènera la première citée en sa qualité de Présidente de l’institution. Petite préface de ce voyage avec Christine Defraigne elle-même.
Mme la Présidente, à quoi devez-vous vous attendre durant ces quelques jours en Iran ?
A un séjour très dense et très chargé. Nous serons là pour travailler, pas pour prendre des vacances. Nous serons notamment reçus par le plus haut niveau de l’Etat iranien, qu’il s’agisse du Président de la République, de ministres, de conseillers… Autant dire que nous n’irons pas là-bas les mains dans les poches sans avoir rien préparé.
Quelle est l’origine de cette visite ?
L’initiative est venue du nouvel ambassadeur d’Iran en Belgique. Il m’avait invitée à me rendre officiellement en Iran. J’ai proposé au Sénat de mettre sur pied une petite délégation. Longuement préparée, notre mission suivra ainsi, quelques mois plus tard, celle qui était menée par le ministre des Affaires étrangères Didier Reynders et celle qui était composée d’acteurs du monde économique. Notre particularité sera de venir au nom d’un assemblée parlementaire et donc de représenter une approche plurielle.
Dans quel cadre s’inscrit-elle ?
Dans celui des contacts qui se renouent entre la Belgique et l’Iran. L’accord sur le nucléaire iranien a permis de réintégrer ce pays sur la scène internationale avec, comme conséquence positive, la levée progressive des sanctions économiques à son encontre. L’Iran est, par ailleurs, digne d’intérêt pour diverses raisons, que ce soit son potentiel économique, sa qualité de facteur de stabilité dans la région…
L’Iran est un pays-clé à bien des égards…
Ce pays est redevenu un interlocuteur de premier ordre. La Belgique a tout intérêt à renouer avec lui et à entretenir des contacts suivis. Cet Etat est incontournable dans la lutte contre le terrorisme international mais aussi de par le fait qu’il soit un allié de la Syrie, qu’il soit en relation avec la Russie, qu’il intervienne dans le dossier du Yemen…
Tout n’est pas rose en Iran. Comptez-vous aborder ou éluder les sujets les plus sensibles lors de vos discussions ?
Je suis et resterai très attentive aux Droits de l’Homme, à la question de la peine de mort, au fait que des mineurs soient parfois exécutés… Sur place, nous seront présents pour avoir un dialogue ouvert, notamment sur les débats plus délicats, que nous aborderons avec franchise mais en montrant notre bonne volonté, sans jouer les donneurs de leçons. L’idée est, pour rappel, de reconstruire quelque chose, de retisser des liens, de jeter des ponts avec ce pays… sans omettre de faire entendre un certain nombre de messages.
Tout en étant respectueux des coutumes locales…
Evidemment. Nous avons, par exemple, reçu quelques consignes en matière vestimentaire (telles que, pour les femmes, se couvrir les cheveux en bonne partie – chose que Federica Mogherini et la ministre australienne des Affaires étrangères ont également acceptée il y a peu). Je m’y soumettrai sans difficulté. Nous serons les invités et nous adapterons donc aux desiderata de nos hôtes. Quoi de plus normal ?