Les 14 et 15 mai 2018, le Sénateur Yves Evrard a emmené une délégation internationale à la découverte du Big Data au travers du prisme des activités de l’Agence spatiale européenne à Redu et de deux entreprises innovantes basées à Louvain. Retour sur ces deux journées passionnantes.

Quelques pas sur la Lune avec un poids divisé quasiment par six, une série de foulées plus ou moins maîtrisées malgré la faible pesanteur régnant sur Mars (38% de celle de la Terre) : cette expérience, ils sont plusieurs à l’avoir vécue le 14 mai dernier par le biais du simulateur de l’Euro Space Center de Transinnes (voir encadré). Parmi les apprentis astronautes, deux Sénateurs belges, dont Yves Evrard qui, en sa qualité de président de la Plateforme Espace du Sénat, se devait de tenter l’aventure.

Un moment intéressant et ludique qui n’a cependant pas éclipsé le principal motif de la venue de la délégation internationale menée par le Sénateur MR de Neufchâteau : le workshop annuel de la European interpaliamentary space conference (EISC – dont la présidence tournante est exercée cette année par la Belgique et ipso facto par la Plateforme Espace du Sénat) avec un thème ancré dans le présent et le futur, à savoir le Big Data.

Partenaire actif de cet événement, l’Agence spatiale européenne (ESA) a, par le biais des exposés de plusieurs de ses représentants, apporté toute son expertise sur le sujet, rappelant tout d’abord le rôle essentiel joué par la conquête de l’espace dans la vie de tous les jours.

Une foule de données mises à disposition

« Si les satellites créés, lancés et gérés par l’ESA s’arrêtaient du jour au lendemain, cela poserait quelques problèmes d’importance (télévision, Galileo, transactions bancaires, atterrissages d’avions…), a souligné Christina Giannopapa, directrice du bureau des Affaires politiques de l’Agence spatiale. Sans parler de tout ce que ces satellites permettent d’autres, qu’il s’agisse de prévoir l’impact des explosions solaires, les passages de météorites, les éruptions de volcans, l’influence de la fonte des glaciers sur les routes maritimes… Les satellites nous offrent également la possibilité de repérer de loin les champs de culture de pavot au Pérou, d’analyser les flux d’eau en Afrique… »

L’ESA, c’est aussi une foule de données acquises de l’espace et mises à disposition, pour la plupart gratuitement, des Etats, scientifiques, entreprises… Le Big Data, par excellence. « L’Europe se doit de garantir l’intégrité et l’exactitude de ces informations, a argué Stefano Zatti, porte-parole du département Sécurité de l’ESA. C’est d’autant plus complexe que les raisons de vouloir perturber les missions spatiales sont nombreuses : concurrence technologique, gains financiers, hacktivistes, Etats qui désirent combler un retard en la matière, terroristes,… Bref, le piratage des missions spatiales est une réalité à laquelle il faut pouvoir faire face. »

Redu, village…
de la cybersécurité

La solution ? Elle passe notamment par la cybersécurité. Raison pour laquelle la délégation a abandonné Transinnes et l’Euro Space Center pour rallier, quelques kilomètres plus loin, Redu afin de visiter non pas le village du livre mais le centre ESA et ses impressionnantes antennes paraboliques, en fonction depuis 1968 et rebaptisé Centre européen de sécurité et d’éducation spatiale (ESEC) il y a quelques années.

Pourquoi avoir établi cette infrastructure dans un lieu si reculé ? La réponse est dans la question : l’éloignement des grands centres urbains et le fait d’être situé dans une cuvette sise en pleine campagne constituaient autant d’avantages. La proximité avec l’E411 permettait en sus de limiter les investissements d’accès.

En plus de ses activités historiques de poursuite et contrôle des véhicules spatiaux ainsi que de calcul des paramètres orbitaux, le centre est voué à devenir la référence en matière de cybersécurité, l’ESEC proposera dès 2019 de nombreuses formations sur ce thème. La démonstration de cyber-attaque et les explications inhérentes ont en tous les cas montré combien l’expertise était de mise.

Deux entreprises innovantes

Une nuit de repos plus tard, c’est à Louvain que la délégation a passé plusieurs heures. Au programme, la découverte de Imec et Septentrio, deux sociétés choisies à dessein.

Imec est l’acronyme d’Interuniversity microelectronics centre (Institut de micro-électronique et composants) emploie quelque 3.500 personnes de plus de 80 nationalités dans le domaine des nanotechnologies. Une expertise qui l’a notamment vu collaborer avc l’ESA sur plus de 80 projets entre 1998 et 2017.

Septentrio, quant à elle, conçoit et fabrique des récepteurs de système de positionnement par satellites ; ce qui se concrétise notamment dans les secteurs de la construction, du guidage d’engins agricoles, de la topographie, des navigations aérienne et maritime…

« Les nanotechnologies vont révolutionner notre monde »

Auditeur passionné, le Sénateur Yves Evrard n’a pas caché son enthousiasme par rapport aux enseignements de ces deux journées de travail, nonobstant les petits bonds sélènes: « Le Big Data est une thématique terriblement actuelle aux possibilités de développement infinies… mais également difficile à appréhender tant elle est multiple et variée. Elle valait donc bien un focus particulier. Comment en effet ne pas être impressionné par le champs des possibles ouvert grâce à toutes ces données générées par les satellites, sondes, télescopes et autres outils que l’homme a à sa disposition ? »

Et le Sénateur chestrolais de revenir sur les visites du mardi, elles aussi dignes d’intérêts à bien des égards. « Il est stupéfiant de voir à quel point les nanotechnologies, l’intelligence artificielle… vont révolutionner notre monde, note Yves Evrard. Cela sous-entend d’autant plus la nécessité de créer un cadre légal ainsi qu’une façon de contrôler la sécurisation des données… A retenir, également, la propension de l’Europe à être très bonne pour créer, mettre au point de nouvelles technologies puis très mauvaise lorsqu’il s’agit de les faire grandir et de les développer avec l’ambition de conquérir le monde. »

En étroite collaboration avec l’ESA

Plus communément désignée par son acronyme ESA (European Space Agency), l’Agence spatiale européenne constitue un partenaire incontournable de l’EISC. Comme expliqué par ailleurs, les deux journées belges n’ont pas dérogé à cette habitude.

Mais l’ESA, c’est quoi ? Fondée le 31 mai 1975 et forte de vingt-deux Etats membres, l’Agence peut se targuer d’une cinquantaine d’années d’expérience et plus de 80 satellites conçus, testés et rendus opérationnels. Elle occupe quelque 2.300 employés sur huit sites (dont l’ESEC de Redu) répartis sur le vieux continent.

La mission de l’ESA est simple : donner forme au développement des compétences spatiales de l’Europe et veiller à ce que les montants consacrés au secteur spatial bénéficient aux citoyens.

Pour atteindre ce double objectif, l’Agence bénéficie d’un budget qui, pour ne citer que l’exercice 2017, s’élevait à 5,75 milliards d’euros. Un montant qu’il s’agit de mettre en perspective avec le fait que chaque euro investi dans l’espace génère un retour économique de six euros.

Geoffroy Herens