Retour sur le discours prononcé par Christine Defraigne lors de la Fête du Roi, le 15 novembre.
Le 15 novembre, ce n’est pas neuf, est marqué en Belgique par deux événements : la fête de la Communauté germanophone et la fête du Roi. La célébration de cette dernière s’est, mardi dernier, déroulée dans sa totalité au Sénat. Une première depuis que le Parlement accueille la manifestation, soit depuis 2001.
A cette occasion, Christine Defraigne a prononcé un discours fort intéressant sur le thème du jour : la globalisation.
La Présidente du Sénat y a notamment rappelé que, paradoxalement, « le danger du repli sur soi est à nos portes » en pointant les projets de murs ou de séparations entre certains pays. Elle a aussi cité les conséquences négatives de la globalisation (Caterpillar, ING…).
Mais, comme l’a souligné Christine Defraigne, « le débat pour ou contre la globalisation est un non-débat. La globalisation fait partie de notre quotidien et il en sera toujours ainsi. Il ne s’agit pas non plus d’un produit du XXIe siècle : la globalisation a débuté il y a quelque 150.000 ans, lorsqu’est né le commerce ».
Se voulant également positive, la Présidente du Sénat a mis en avant les avantages de la globalisation : « Elle favoriser la diffusion de l’information et de la culture. Elle permet une meilleure connaissance de l’autre. Enfin, elle devrait le permettre… La globalisation est aussi à l’origine de l’amélioration du niveau de vie de millions de personnes… »
Christine Defraigne a aussi abordé la problématique avec l’angle européen, estimant que l’Union européenne constituait un atout pour relever le défi de la globalisation. « La voix d’une Europe unifiée pèse davantage dans le débat de la régulation internationale du commerce que les voix éparses du morcellement. L’Europe n’est pas une parte du problème mais une partie de la solution. Pour autant qu’elle balaie devant sa port ; règle les difficultés : notamment celles du dumping social ; parle autant qu’elle agisse ; réalise ses perspectives… »
Reste qu’il s’agit-là que d’extraits du discours prononcé le 15 novembre par la Présidente du Sénat. Voici, ci-dessous, ce texte dans son intégralité.
Permettez-moi de vous souhaiter à tous et à toutes la bienvenue au Sénat. Aujourd’hui est un jour à haute valeur symbolique tant pour nos concitoyens que pour les équilibres au sein de notre Etat : le 15 novembre marque la fête du Roi. C’est avec fierté que nous la célébrons pour la seizième fois au parlement fédéral et pour la première fois dans sa totalité dans l’hémicycle du Sénat. J’en suis très honorée car j’estime primordial d’y associer non seulement le Parlement fédéral, mais par le biais du Sénat, de façon plus affirmée que par le passé peut-être, les assemblées qui représentent les régions et les communautés ; qui font la diversité et donc la richesse de notre pays.
De dansgroep “Let’s go urban Academy” heeft zopas gezorgd voor een frisse, eigentijdse opening van ons evenement. Deze prestatie toont hoe we de uitdaging van de globalisering willen aangaan: met een dynamische, open visie en in een resoluut constructieve benadering. Ik wil deze jongeren en de bezielers van hun wervend project, in het bijzonder mevrouw Sihame El Kaouakibi, daar van harte voor bedanken en feliciteer hen voor het in drukwekkend resultaat! Zij verdienen een daverend applaus.
Même si le XXIe siècle n’a encore que 16 ans, d’aucuns l’ont déjà baptisé « le siècle de la globalisation ». On aurait pu croire que ce siècle serait celui de l’abolition des murs. Certaines frontières, le Mur de Berlin ou encore la Grande Muraille de Chine sont aujourd’hui des témoignages du passé, enfin le croit-on.   Jadis, ces murs ont été érigés pour séparer des pays et des peuples, lever des droits de passage, repousser les influences étrangères et surtout les idées nouvelles. Hélas, l’actualité récente le démontre, le danger du repli sur soi est à nos portes. Des projets de murs ou la réapparition de clôtures aux frontières de certains pays voient le jour.
Globalisering dringt in ons dagelijkse leven binnen zoals water in een spons. Vaak gebeurt dat geleidelijk en geruisloos.  In onze supermarkten lijken de rekken met ingrediënten uit de wereldkeuken elke maand aan te groeien.  In de stad Brussel leven vandaag 163 nationaliteiten, misschien morgen al meer. Het woord « allochtoon » zou langzaam uit onze woordenschat verdwijnen, bij gebrek aan maatschappelijke relevantie.  
Il arrive aussi que la globalisation fasse irruption dans notre vie de manière brutale. Nous en faisons la douloureuse expérience lorsque nous voyons Caterpillar détruire la vie de milliers de familles dans la région de Charleroi ou l’inquiétude voiler les yeux des travailleurs d’ING.
Dan leren wij hoe de uitbraak van het ebola-virus in Guinea of het zikavirus in Brazilië ook onze ziekenhuizen in de ban houdt. Dan  vernemen wij verbijsterd hoe meer dan duizend arbeiders, mannen en vrouwen, omkomen bij de instorting van een textielfabriek in Bangladesh.
La globalisation a de nombreux visages.  Le magazine américain Forbes en compte déjà trois: « the good, the bad and the ugly ».
Mais le débat pour ou contre la globalisation est un non-débat.  La globalisation fait partie de notre quotidien et il en sera toujours ainsi. Il ne s’agit pas non plus d’un produit du XXIe siècle : la globalisation a débuté il y a quelque 150.000 années, lorsqu’est né le commerce.  
Koffi Annan, l’ancien secrétaire général des Nations unies, a un jour déclaré qu’il était aussi difficile d’échapper à la globalisation qu’à la pesanteur.  Et encore : celui qui parvient à quitter la terre et à pénétrer dans l’espace n’échappera pas pour autant à la globalisation. La première chose qu’il rencontrera sera la Station spatiale internationale, un projet porté par 27 pays. 
Zodra personen, goederen en diensten die vrijheid aangrijpen om de landsgrenzen over te steken, start de globalisering. Maar sedert enkele decennia neemt de globalisering nieuwe vormen aan.
In de jaren ’90 van de vorige eeuw schakelde de globalisering een versnelling hoger. Bijna gelijktijdig ruilden China en de landen van het voormalige Oostblok de staatseconomie in voor de vrijhandel. Daarmee werd de vrijemarkteconomie werkelijk wereldomvattend, – globaal dus.
Durant ces mêmes années, un autre facteur a joué un rôle de catalyseur de la globalisation: l’Internet. L’une de ses principales applications s’appelait d’ailleurs « World Wide Web », soit  » Toile mondiale », ce qui en dit long sur les ambitions illimitées que l’Internet nourrissait dès cette époque. Aujourd’hui, alors que vingt années se sont écoulées, on peut dire que l’Internet a tenu ses promesses. Dans les secteurs de l’information, de la communication, du divertissement et du commerce numérique, les frontières nationales sont aujourd’hui abolies. Bill Gates a d’ailleurs qualifié l’Internet de « grand-place du village global ».
La globalisation s’étend à un nombre considérable de secteurs et évolue à un rythme sans précédent. Elle favorise la diffusion de l’information et de la culture. Elle permet une meilleure connaissance de l’autre. Enfin, elle devrait le permettre.
On ne le dit pas assez souvent, comme si le sujet était tabou, la globalisation est aussi à l’origine de l’amélioration du niveau de vie de millions de personnes. Selon les chiffres de la Banque mondiale, la pauvreté recule dans le monde. Le nombre de personnes vivant sous le seuil d’extrême pauvreté (1,90 dollar par jour) a diminué de plus d’1 milliard en trente ans, passant de 2 milliards à 900 millions en 2012. Nous sommes tous d’accord, l’idéal n’est pas encore atteint. La pauvreté est encore bien trop présente et prégnante.
Sans doute pourrait-on dire aussi que la globalisation n’a jamais suscité autant de méfiance que maintenant, quand ce n’est pas de l’hostilité. Mais est-ce bien la réalité?
En fait, la globalisation est un phénomène qui a toujours existé, au même titre que le protectionnisme et même l’isolationnisme. Les droits de douane sont aussi vieux que le commerce lui-même. Il y a quelques siècles, la France a traversé une ère de repli avec la doctrine mercantiliste de Colbert. La Chine et le Japon ont fait de même face à l’émergence du colonialisme occidental. Quant à l’isolationnisme, c’est un courant qui est omniprésent dans la politique extérieure des États-Unis. La Grande-Bretagne elle-même a connu aussi, dans son histoire, une période de ‘splendide isolement’.
Het zijn wellicht niet toevallig vooral grote landen die zich zo poogden af te zonderen. Kleinere landen kunnen zich dat niet veroorloven, tenzij ze bereid zijn een hoge prijs te betalen. Denk maar aan Albanië onder het communistische regime of het huidige Noord-Korea.
Ontwikkelingseconomen hebben een top drie aangelegd van landen die het meest consistent hebben geopteerd voor openheid en vrijhandel. Het zijn Zwitserland, Nederland en België. Ook vandaag nog scoort België bijzonder hoog op de meest toonaangevende index van geglobaliseerde landen. België staat derde, na Nederland en Ierland
Chez nous aussi, la globalisation a ses détracteurs.
Elle donne en effet à certains la désagréable impression que leur vie privée et professionnelle échappe à leur contrôle. Je vous renvoie à cet égard au formidable colloque que nous avons tenu dans cet hémicycle le mois dernier.
Elle induit également l’idée que les grands centres de décision ont quitté le pays pour des destinations inconnues.
Les réticences que certains éprouvent face à la libre circulation des personnes, des biens et des services ont certainement contribué à fournir un terreau favorable au Brexit.
Supputer les motivations de l’électeur est un exercice hasardeux. Mais le mécontentement suscité par la globalisation ne serait-il pas l’une des raisons pour lesquelles une majorité des électeurs britanniques s’est détournée de l’Union européenne? Pour relever le défi de la globalisation, l’Union européenne ne constitue pas un handicap mais, au contraire, un atout. La voix d’une Europe unifiée pèse davantage dans le débat sur la régulation internationale du commerce que les voix éparses du morcellement. L’Europe n’est pas une partie du problème de la globalisation, mais une partie de la solution. Pour autant qu’elle balaie devant sa porte ; règle les difficultés : notamment celles du dumping social ; parle autant qu’elle agisse ; réalise ses perspectives.
L’Union européenne ne se résume pas à un projet économique. Elle est aussi un projet politique. On peut débattre à l’infini du contenu précis de ce projet politique. Tout projet politique qu’il soit européen, national ou régional est source de débat.
Le projet européen est en tout cas un projet de paix, et nul ne contestera que l’Europe est à cet égard une grande réussite. A elle aujourd’hui de continuer sur ce chemin ; de constituer une véritable Défense européenne et pourquoi pas un service de renseignements européen ou « CIA » européenne.
L’Union européenne, c’est aussi 3 millions d’étudiants qui ont bénéficié du programme d’échange Erasmus. Ce sont nos enfants qui par là même se connaissent mieux de la Laponie au Péloponnèse. Ce sont nos enfants qui ont tellement goûté à ce vent de liberté.
Tout le monde en conviendra, la globalisation doit être encadrée sinon on se rend vulnérable. Si une société ouverte peut bénéficier de dynamiques enclenchées par d’autres, elle risque aussi de subir le contrecoup d’échecs essuyés par d’autres. La crise financière a éclaté sur le marché du crédit hypothécaire américain, mais ses ondes de choc ont ébranlé nos établissements financiers. Des guerres sèment la mort et la destruction au Proche-Orient et en Afrique centrale, mais les réfugiés de guerre affluent aussi à nos portes. Certains pays sont peu soucieux de la protection sociale avec pour conséquence des entreprises qui ferment leurs portes chez nous et délocalisent.
Blinde globalisering leidt tot een genadeloze rat race tussen handelsblokken, landen en volkeren. Blinde globalisering leidt tot een race to the bottom. Een spiraal waarbij landen bereid zijn om zwaar in te leveren op belastinginkomsten en sociale bescherming om een zo groot mogelijk marktaandeel te verwerven. Een spiraal waarbij slechts enkele winnaars zijn, te midden van talloze verliezers.
Ce n’est pas cette globalisation-là que nous voulons. La globalisation ne peut pas se faire aux dépens de notre protection sociale. Car si le libre-échange est un fondement de notre société, la solidarité et la justice le sont aussi. Il n’est nullement utopique de défendre ce point de vue.
Des économistes soutiennent depuis des années que la globalisation et la sécurité sociale ne sont pas antinomiques. Il est possible de conserver un système de sécurité sociale performant tout en étant compétitif. C’est néanmoins un des grands défis de notre génération, à savoir canaliser au mieux la globalisation au niveau international et garantir la compétitivité au niveau national sans compromettre les services rendus par l’Etat.
De globalisering is er om te blijven. Voor een klein en open land zoals België is zij terzelfder tijd een zegen en een risico. Maar de vrees voor het onbekende mag niet de overhand nemen. Zij mag niet ertoe leiden dat de grondslagen van onze samenleving, die zo’n vruchtbare bodem zijn gebleken voor onze welvaart en ons welzijn, onder vuur worden genomen.
Madame,
Altesses royales,
Mesdames, Messieurs,
Dames en Heren,
Avant de donner la parole à Thibaut Cardon qui vous commentera la suite de notre cérémonie et vous présentera les différents et talentueux intervenants, permettez-moi déjà de leur adresser mes plus vifs remerciements.
Und ich möchte die Gelegenheit auch nutzen, unseren Landsleuten der Deutschsprachigen Gemeinschaft im Namen des Senats einen exzellenten Feiertag zu wünschen.