L’audition au Sénat du manager du commerce de la ville de Mulhouse a permis d’enrichir la réflexion menée sur l’e-commerce en Belgique à l’initiative du Sénateur Olivier Destrebecq qui en est persuadé : il ne faut pas craindre le commerce électronique mais s’en servir !
Le 8 février ont eu lieu les dernières auditions de la Commission des compétences régionales du Sénat, relatives à la proposition de résolution du Sénateur MR Olivier Destrebecq sur le commerce électronique. A cette occasion, les Sénateurs ont pu écouter et interroger Frédéric Marquet, Manager du Commerce de Mulhouse sur l’expérience de la ville en termes de redéploiement commercial. La conclusion ? Le petit commerce a de l’avenir dans les centres-villes !
Mulhouse, une ville paupérisée aux dimensions comparables à celles des grandes villes belges, a mis en place une véritable stratégie de redéploiement commercial qui a permis en quelques années de réduire le nombre de cellules vides de 44%. A Mulhouse, ce sont deux commerces qui ouvrent pour un qui ferme et les nouveaux commerces sont ouverts dans 75% des cas par des commerçants indépendants ; ce qui permet immanquablement de proposer une offre commerciale spécifique et donc attractive.
Cette politique repose sur quatre axes : logement, espace public, mobilité et commerce. Avec un investissement de 36 millions d’euros engagés sur ces axes, la Ville a pu rénover son centre urbain, le rendre plus convivial, réaménager l’ensemble de ses trottoirs, mettre en place une politique de stationnement intelligent, inciter à la rénovation des façades (1 million d’euros d’argent public a été investi pour 5 millions d’investissement total), créer des logements de qualité destinés à attirer des citoyens disposant d’un pouvoir d’achat important, etc.
Pour réussir le défi commercial, Mulhouse a toujours eu à l’esprit trois éléments clés : monter en gamme, se différencier et créer une identité en centre-ville. Au-delà du travail mené sur les leviers politiques susmentionnés, la définition et le rôle donnés au manager du commerce ont été déterminants ! Celui-ci a abordé la problématique sous tous les angles, en jouant un rôle d’accompagnateur et de conseiller pour les indépendants, de lobbyiste auprès des grandes enseignes, de dénicheur de nouvelles enseignes internationales qui donnent une plus-value à l’offre commerciale, d’animateur commercial avec des ateliers du commerces hebdomadaires, en créant un climat de confiance avec le secteur immobilier afin qu’il puisse avoir une vision générale de l’offre immobilière existante…
Une page Facebook propre au commerce du centre-ville a, en outre, été développée. Aujourd’hui suivie par plus de 20.000 personnes, elle constitue une source d’informations importante et une référence. Plus l’info publiée sur la page est relayée et plus elle apparaît crédible.
« Dans ce vaste plan commercial, le numérique n’est pas délaissé, au contraire, souligne Olivier Destrebecq. Les commerçants sont incités à l’appréhender. Toutefois, qui dit numérique, ne dit pas automatiquement vente en ligne. Il est d’ailleurs ressorti des auditions précédentes que la présence en ligne ne va pas de soi pour les commerçants traditionnels, alors que pour les consommateurs, le réflexe numérique devient de plus en plus systématique. »

« Ne pas craindre le commerce électronique »

« Il s’agit donc d’inciter les commerçants à développer une présence en ligne, qui ne passe pas nécessairement pas la création d’un site Internet qui implique des coûts et une gestion plus poussée de l’outil, mais au minimum par une présence sur les réseaux sociaux, complète le Sénateur louviérois. Il est nécessaire que le consommateur puisse trouver un maximum d’informations générales sur le commerce, mais également sur les produits qui y sont vendus. Il ne faut d’ailleurs pas perdre de vue que, même si la vente en ligne se développe, 90% de notre consommation a lieu dans les magasins traditionnels. Les commerçants doivent donc être visibles numériquement et inciter les clients à se déplacer chez eux via un système de click and reserve. »
La réussite commerciale du centre-ville de Mulhouse est riche en enseignements. Il est clair qu’elle démontre que le commerce physique a de l’avenir, à condition qu’il appréhende l’évolution numérique. Il est en tous les cas très clair qu’avec de la volonté politique, il est possible de réussir le redéploiement commercial des villes et communes belges.
« Ces trois journées d’auditions étant clôturées, je compte enrichir ma proposition de résolution au travers de nouveaux amendements, prévient le Sénateur Destrebecq. J’espère être rejoint par les autres groupes politiques sur un texte commun. Nous ne devons pas craindre le commerce électronique et la place grandissante du numérique ; nous devons nous en servir ! »