Préserver l’intégrité de Taïwan

La Belgique a un rôle-clef à jouer dans les relations qu’entretiennent la Chine et Taïwan. Une proposition de résolution introduite par Sabine Laruelle et d’autres Sénateurs émet, à ce titre, plusieurs demandes au gouvernement fédéral.

Territoire occupé par la Chine mais aussi par le Japon, selon les époques, Taïwan incarne aujourd’hui la démocratie la plus accomplie du continent asiatique. Si la peine de mort n’y a toujours pas été abolie, le mariage entre personnes homosexuelles y est, pour sa part, désormais autorisé.

Les relations avec la Belgique sont par ailleurs devenues étroites avec le temps, notamment grâce à plusieurs points communs tels que la volonté de défendre un Etat de droit ou la mise en place d’un système de marché économique encadré par un système social.

Avec la République populaire de Chine, par contre, c’est plus compliqué. C’est la raison qui a poussé Sabine Laruelle à déposer une proposition de résolution qui, lors de la séance plénière du 13 octobre 2020, a été prise en considération par le Sénat. Un texte qui a d’emblée été cosigné par d’autres Sénateurs MR (Georges-Louis Bouchez, Philippe Dodrimont et Alexander Miesen) mais également Open VLD, SP.A, Ecolo, Groen, CD&V et PS.

La proposition de résolution pointe les tensions qui se sont tendues il y a quelques mois entre la Chine et Taïwan « notamment au moment où des pressions de plus en plus importantes ont été exercées sur Taïwan afin d’aboutir, à terme, à une réunification rapide avec la Chine ». Ces tensions se sont concrétisées, par exemple, dans des interférences dans des processus électoraux, la diffusion de désinformation, l’emprisonnement d’activistes taïwanais à Pékin ou encore l’accroissement de la présence militaire en mer de Chine, aux abords de Taïwan.

Or, comme le relève le texte pris en considération par la Haute Assemblée, « le renforcement de la sécurité régionale dans la région indo-pacifique est d’une importance capitale pour les intérêts de l’Union européenne et de ses membres ». Il y a donc lieu « d’encourager une reprise rapide de pourparlers bilatéraux » et donc « d’entretenir des relations équilibrées, tant avec la Chine qu’avec Taïwan ».

Quid de la Belgique ? Elle a bien évidemment un rôle-clef à jouer, notamment au travers de ses contacts déjà développés en matière commerciale. Et la proposition de conclure qu’il est plus qu’essentiel « de lancer un message sans ambiguïté aux autorités de la région pour veiller à ce que l’intégrité de Taïwan soit préservée ».

Le texte ne se contente pas de faire le point sur la situation dans cette partie du continent asiatique. Il liste également une série de demandes adressées au gouvernement fédéral.

Selon la proposition de résolution, il s’agirait ainsi :
• de promouvoir au niveau européen la nécessité de renforcer les liens de coopération entre l’Union européenne et Taïwan ;
• de pérenniser et d’entretenir des relations équilibrées, tant avec la Chine qu’avec Taïwan ;
• de renforcer les liens étroits de la Belgique avec Taïwan, notamment en termes de commerce et d’éducation en vue d’y pérenniser l’Etat de droit et d’enclencher un processus destiné à abolir le plus rapidement possible la peine de mort ;
• de soutenir, conjointement avec nos partenaires européens, des efforts diplomatiques concrets en vue d’une participation substantielle de Taïwan dans des organisations internationales comme l’Organisation mondiale de la santé (notamment en tant qu’observateur à l’Assemblée mondiale de la santé), l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) ainsi que dans la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), qui abordent les défis transfrontaliers et demandent une collaboration mondiale d’une manière aussi inclusive que possible ;
• d’être attentif et engagé dans les différentes mesures diplomatiques destinées à apaiser les tensions dans la région de l’Asie-Pacifique, afin que l’intégrité de Taïwan soit préservée ;
• de veiller de manière attentive au sort réservé aux activistes Taïwanais détenus en Chine depuis 2017, parmi lesquels figure notamment Lee Ming-cheh, un militant taïwanais condamné pour subversion contre le pouvoir de l’État.