« Le rôle des journalistes est vital pour un Etat de droit ! »

Le Sénat a adopté en urgence une résolution demandant la libération de la journaliste citoyenne chinoise Zhang Zhan. Philippe Dodrimont a exprimé le soutien du Groupe MR lors de la séance plénière.

Zhang Zhan, un nom devenu tristement célèbre ces derniers mois. Cette journaliste chinoise a, pour rappel, été arrêtée… pour avoir fait son boulot. Zhang Zhan s’est en effet rendue à Wuhan au début de la pandémie de Coronavirus pour relater la situation, recueillir des témoignages… qui ont par la suite été diffusés sur les réseaux sociaux. Elle a également rapporté l’incarcération de journalistes indépendants ainsi que le harcèlement dont ont été victimes des familles de victimes du virus.

En mai 2020, Zhang Zhan a été arrêtée et emprisonnée sous l’inculpation de « provocation aux troubles ». Elle est depuis lors en prison, où elle demeure dans des conditions désastreuses. Elle a tenté de faire une grève de la faim mais a été alimentée de force. En décembre dernier, elle a en outre été condamnée à quatre ans d’emprisonnement à l’issue d’un procès expéditif auquel ni la presse ni les observateurs internationaux n’ont été autorisés à assister.

Une situation intolérable aux yeux du Sénat de Belgique. Lequel a, lors de sa plénière du 22 janvier, adopté une résolution de soutien à la journaliste. Un texte initié par le CD&V et auquel le Groupe MR a directement apporté son soutien. C’est Philippe Dodrimont qui s’est chargé d’exprimer la position des Sénateurs réformateurs.

« Le cas de la journaliste citoyenne Zhang Zhan reflète une fois encore, et de manière évidente, le contrôle de plus en plus important que le régime communiste chinois tente d’opérer sur la diffusion des informations, a notamment déclaré le Sénateur d’Aywaille. Je rappelle que la Chine apparaissait en 2020 à la 177e place sur 180 au classement mondial de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontière. »

Philippe Dodrimont a ensuite rappelé que, là-bas, « les médias publics et privés sont placés sous le contrôle étroit du Parti communiste chinois, qui développe d’importants efforts pour dissuader la diffusion de certaines informations, pour empêcher toute critique à son égard, et pour s’assurer que les journalistes servent les intérêts du régime ».

Ce contrôle s’opère de différentes manières : emprisonnement de journalistes et de blogueurs pour avoir recueilli ou diffusé des informations censurées, utilisation massive de nouvelles technologies qui limitent les informations disponibles, et développement d’un appareil très abouti de propagande et de surveillance.

« On le voit donc, la diffusion et l’accessibilité aux informations sont extrêmement réduites, et cela ne s’arrête pas aux frontières de la Chine, qui tente d’exporter son système à l’international, a poursuivi Philippe Dodrimont. Cela rentre en contradiction directe avec les valeurs de mon parti et le fonctionnement de nos démocraties, qui doivent se poser en rempart des droits fondamentaux et assurer que la liberté d’expression et la liberté de la presse soient préservées, voire même encore améliorées. »

Le Sénateur libéral a alors abordé plus spécifiquement le rôle des journalistes : « Nous nous devons de nous assurer que ces libertés sont pleinement exercées en Belgique et en Europe. La Belgique est 12e au classement publié par Reporters sans frontières, mais je rappelle que notre principal défi aujourd’hui est de lutter contre la désinformation. La liberté de la presse et la liberté d’expression sont fondamentales, mais les défis qui s’y attachent sont grands et importants. Le rôle des journalistes et de la presse en général est rendu de plus en plus compliqué avec la désinformation, essentiellement en ligne. Nous connaissons bien la problématique, chers collègues, étant donné que le Sénat travaille en ce moment-même sur un rapport d’information sur cette question. »

Philippe Dodrimont a rappelé combien « le rôle des journalistes est vital pour un Etat de droit qui souhaite prospérer », soulignant par ailleurs « leur sens critique et leur indépendance sont un outil essentiel, tant pour citoyens que pour les autorités, pour garantir le bon fonctionnement d’une démocratie saine ».

Et le Sénateur liégeois de conclure : « Par sa triste situation, Zhang Zhan représente aujourd’hui un nouveau symbole – parmi tant d’autres ! – de la lutte en faveur des libertés de la presse et d’expression en Chine. Les circonstances de son procès rappellent par ailleurs l’ampleur de la censure et du contrôle opéré par les autorités, les conditions d’un procès équitable n’ayant pas été respectées. Face à de tels constats, nous devons rappeler à la Chine que ces droits sont inscrits dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, que de telles violations sont inacceptables, qu’il est essentiel qu’elle ratifie le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, et que nous ne cesserons pas d’attirer l’attention, d’insister et d’appeler au respect des libertés et droits de l’homme fondamentaux. »

A noter que le point a été adopté sans difficulté, malgré la notable abstention du PTB.