« Nous ne pouvons rester immobiles face à ce conflit »

La proposition de résolution concernant le conflit au Haut-Karabakh a été adoptée en plénière. Le texte avait, pour rappel, été initié par Gaëtan Van Goidsenhoven et le Groupe MR.

Quatre jours après avoir été adoptée en commission des Matières transversales, la proposition de résolution sur le Haut-Karabakh a été approuvée en séance plénière du Sénat.

« Cette proposition de résolution, que nous avons notamment déposée et qui suit intimement l’initiative prise à la Chambre, traite d’un conflit qui déchire la région du Haut-Karabakh depuis plus de vingt ans, a rappelé le chef de groupe MR Gaëtan Van Goidsenhoven. Je regrette qu’à ce jour, aucune solution n’ait encore pu être trouvée. Vingt-cinq ans de diplomatie, par le biais du Groupe de Minsk ou par d’autres voies, n’ont encore amené aucune issue politique, le principe de l’auto-détermination s’opposant ici à celui du respect de l’intégrité territoriale. »

Premier signataire du texte, le Sénateur anderlechtois est revenu sur les événements des dernières années et, plus spécialement, des semaines écoulées : « Malgré la conclusion d’un cessez-le-feu en 1994, la paix y est restée précaire, compte tenu de l’absence de troupes de paix internationales pour la faire respecter sur le terrain. C’est dans ce contexte qu’en septembre de cette année, le conflit s’est brutalement dégelé, conduisant à six semaines d’affrontements violents entre Arméniens et Azéris, et à la mort de plusieurs milliers de victimes civiles et militaires supplémentaires. »

Le 9 novembre 2020, avec la médiation de la Russie, fut conclu ce fameux cessez-le feu total, que le Premier ministre arménien s’est résolu à signer. Cette décision reste très douloureuse pour les Arméniens, des milliers d’entre eux ayant pris le chemin de l’exil depuis lors. Si cet accord était nécessaire pour apaiser la violence du conflit et ses conséquences destructrices et meurtrières, Gaëtan Van Goidsenhoven a tenu à soulever quelques éléments.

« Premièrement, que les négociations ont ignoré la France et les Etats-Unis, ce qui de facto décrédibilise le Groupe de Minsk, a-t-il commencé. Nous insistons sur l’importance qu’un compromis final et durable soit trouvé par le biais du Groupe de Minsk de l’OSCE, dont la légitimité et la mission doivent être soutenues par l’Union européenne. »

Le chef de groupe MR au Sénat a poursuivi en ajoutant qu’il existe de indices sur la commission de graves crimes de guerre, notamment l’exécution sommaire de civiles et de prisonniers, ainsi que des traitements dégradants sur les corps de soldats tués. « Je m’insurge contre de telles violations de droits humains, qui font fi de toute dignité, et j’en appelle à ce que ces crimes soient poursuivis et punis », a-t-il souligné.

« Troisièmement, cet épisode du conflit a été marqué par son internationalisation, a fait remarquer Gaëtan Van Goidsenhoven. La Turquie, qui est – nous le savons – membre de l’OTAN, a notamment matérialisé son implication en mobilisant des mercenaires et en déployant des militaires turcs dans la zone en conflit. »

Et de revenir sur le fait que les civils et les soldats n’ont pas été les seules victimes de ce conflit. Les infrastructures ont en effet également beaucoup souffert. « C’est pourquoi je pense que l’UNESCO a un rôle important à jouer dans la reconstruction de la région, notamment en dressant un inventaire préliminaire des biens culturels les plus significatifs, une étape préalable à une protection effective du patrimoine arménien de la région. »

Last but not least, comme si l’horreur n’était pas suffisante sur le terrain, une autre dimension s’est rajoutée au conflit par large diffusion sur les réseaux sociaux ou l’envoi aux familles directement, de photos et de vidéos dégradantes d’individus, détenus ou morts.

La conclusion ? Elle coulait de source : « Nous ne pouvons rester immobiles face à ce conflit qui dure depuis trop longtemps, et qui a fait trop de morts. Cette proposition de résolution appelle le Groupe de Minsk à trouver rapidement une solution durable au conflit, appelle la communauté internationale à fournir une aide humanitaire à la population locale et aux nombreuses personnes en fuite, et à agir pour aider à la reconstruction des bâtiments détruits ou endommagés. »